Campagne du Soldat Paul Joseph Etienne JALOUNEIX
17éme Régiment d'Artillerie
Paul Joseph Etienne JALOUNEIX s'est engagé volontaire le 11 mars 1916 auprès de la Mairie de Limoges, pour 3 ans et intègre le 20ème Dragons.
Le 5, le régiment débarquait à Domgermain-lès-
Toul sous la protection des forts et se mettait immé-
diatement en route pour la frontière où il devait faire
la couverture.
Le 7, il fournit la première reconnaissance comman-
dée par le lieutenant de Montmorin, composée du ma-
réchal des logis Duvignau et de huit cavaliers du 4e es-
cadron; c'est le premier élément qui va à l'ennemi, il
part le cœur joyeux. La reconnaissance a comme ob-
jectif les villages de Xure et La Garde sur la frontière,
où sont signalés des éléments ennemis. La mission fut
entièrement remplie et, le soir, la patrouille rejoignait
le régiment à Lunéville après avoir perdu un cavalier
(Charbin, du 1er peloton du 4e escadron).
Le lieutenant de Montmorin (1), le maréchal des lo-
giS- Duvignau, qui plus tard devait mourir glorieuse-
ment comme sous-lieutenant de chasseurs alpins, fu-
rent cités à l'ordre du régiment. Ce furent les premiè-
res citations.
Dans le groupement placé sous les ordres du com-
mandant Thureau, le capitaine Riondel (2) commande,
pendant la journée du 9 août 1914, en des circons-
tances difficiles, un détachement de couverture com-
posé de son escadron, d'une compagnie de chasseurs
cyclistes et d'une section de mitrailleuses au contact
de l'ennemi.
A 15 heures, l'un des pelotons, celui du sous-lieu-
tenant Verny, attaque, charge et bouscule le peloton
de l'oberlieutnant von Schmidt, du 6e chevau-léger
bavarois, au cours de la reconnaissance qu'il pousse
d'Emberménil sur Lintrey.
Tout le peloton français rentre sain et sauf; l'en-
nemi laisse sur le terrain deux morts et six blessés.
L'oberlieutnant, atteint à la poitrine, est tué au mo-
ment de l'abordage d'un coup de pointe de l'officier
français, vigoureusement secondé par le maréchal des
logis réserviste Roques. Trois chevaux, les armes de
ia plupart des Bavarois, plusieurs prisonniers sont
ramenés dans nos lignes.
Le détachement de couverture n'est plus inquiété à
la suite de ce brillant fait d'armes dont les principaux
acteurs : le capitaine et le sous-lieutenant, devaient
trouver, quelques mois plus tard, une mort glorieuse
sur le champ de bataille, après avoir eu l'occasion
d'exécuter de nouvelles actions d'éclat.
Le 24 août, le chef d'escadrons Thureau, avec son
demi-régiment, a pour mission de protéger la retraite
de la 10e division de cavalerie qui doit franchir la Mor-
tagne (région de Lunéville). Il dispose aussi du groupe
cycliste et de quelques éléments du 2e bataillon de
chasseurs.
Le brigadier Lacarrière (1), agent de liaison, chargé
de porter un renseignement précieux à son escadron
(le 1er) qui occupe, dans une position très aventurée,
la ferme Saint-Antoine auprès de Mont, est forcé de
traverser une région boisée occupée par l'ennemi.
Son cheval est blessé puis tué sous lui. Il a la jambe
traversée par une balle. Il a le sang-froid, malgré sa
blessure, de retirer les cartouches de son paquetage
sous le feu de l'ennemi, d'aller jusqu'au bout de sa
mission, en se glissant à pied dans les bois de Va-
quenat pendant près de 3 kilomètres. Il est recueilli,
à bout de forces, par son escadron, qui reçoit le ren-
seignement en temps voulu, se dégage et réussit à
rejoindre Lansecourt où le régiment s'est reformé.
Pendant que l'un des demi-régiments du 20e dra-
gons se distingue au combat de Lamath, l'autre demi-
régiment et la section de mitrailleuses, sous le com-
mandement du chef d'escadrons Ruffier d'Epenoux (1),
sont chargés d'assurer la sûreté de la division de ca-
valerie et d'arrêter l'ennemi, qui se porte de Xerna-
mesnil sur Gerbéyillers. Le commandant est griève-
ment blessé à la jambe par un éclat d'obus; il a son
cheval tué sous lui au moment où, s'étant porté seul
en avant, il exécutait la reconnaissance de la position.
Hesté couché sous un feu intense d'artillerie, il faisait
signe de s'éloigner à ceux qui s'efforçaient de lui
porter secours. Mais l'ennemi approchait, et c'est
grâce à la ferme bravoure du capitaine de Germigny
secondé par le cavalier Bousquet, du 4e escadron, que
cet officier supérieur fut ramené dans nos lignes.
Débordé par l'infanterie allemande, presque en-
touré, il remonte à cheval, dégage avec habileté sa
troupe en franchissant un étroit couloir où fait rage
un feu de mousqueterie, perdant dix-huit hommes
tués ou blessés, mais ayant couvert pendant un temps
suffisant le reste de la division de cavalerie.
LA MARNE
Prise de Château-Thierry. — Fismes. — Sissonne.
Le 1er septembre, le régiment quitte la Lorraine
après avoir pris part aux opérations de couverture,
aux affaires de Sarrebourg, à la bataille de Roselieu-
res et aux premiers engagements de la bataille du
Grand-Couronné de Nancy.
Débarquement dans la nuit à Epernay. Les jour-
nées qui vont suivre seront particulièrement pénibles :
Le 3, le régiment occupe Montmirail et, le 4, il est
chargé de couvrir le rassemblement de la division qui
doit s'employer de toutes ses forces à retarder la pro-
gression de l'ennemi pour permettre à nos troupes
d'infanterie de prendre l'offensive.
Le 5, les patrouilles du 206 dragons sillonnèrent le
plateau de Viels-Maisons et l'une d'elles, commandée
par le maréchal des logis Simon, du 46 escadron, fut
entièrement détruite.
Le maréchal des logis Simon et le cavalier Guy fu-
rent tués; le brigadier Richard et le cavalier Mercier
furent grièvement blessés; le cavalier Lascaux, seul,
jejoignait le régiment sur son cheval blessé, rappor-
tant les renseignements nécessaires.
Ce même jour, une reconnaissance d'officier, com-
mandée par le lieutenant d'Aragon — qui plus tard fut
fait chevalier de la Légion d'honneur sur le champ de
bataille et qui devait mourir glorieusement à la ba-
taille de Verdun comme capitaine commandant une
escadrille — ava.it comme objectif Coulommiers. Ce fut
au prix de mille difficultés qu'elle remplit sa mission.
Un cavalier, le dragon Murray, qui faisait partie de
la reconnaissance, est nommé brigadier sur-le-champ
pour la façon particulièrement brillante dont il avait
rapporté un renseignement précieux à travers mille
dangers..
Le 7, le régiment reprend la marche en avant; c'est
la victoire de la Marne qui commence.
Le 9 septembre 1914, bataille de la Marne, la divi-
sion de cavalerie Grellet se porte résolument à l'atta-
que. Le 1er demi-régiment du 20e dragons, sous les or-
dres du commandant Thureau, reçoit la mission
d'enlever Château-Thierry. La seule chaussée acces-
sible pour arriver jusqu'à la ville est franchie par
escouades, à cheval, aux allures vives, malgré le feu
violent et concentré de l'ennemi sur cette voie d'accès.
L'escadron Riondel prend la gauche de l'objectif et
'■s'engage vivement à pied. Le capitaine est blessé en
faisant le coup de feu.
L'escadron, de Germigny se déploie plus à gauche.
Le peloton Leforestier est chargé d'organiser une bar-
ricade sur le pont. Lè maréchal des logis Dumont-
Saint-Priest (1) s'élance avec bravoure en avant du pont
battu par le feu, entraîne ses hommes, pénètre le pre-
mier dans la ville où il fait plus de cent prisonniers.
Le brigadier Besse et le cavalier Thomas, du 26 esca-
dron, arrivent les premiers au Château, dernier point
de défense, et en rapportent des pièces confidentielles
que l'Allemand, contraint à fuir, a dû abandonner.
Le lieutenant Argueyrolles.
A Fismes (12 septembre 1914),. — Certains officiers.
ont le don d'entraîner leurs hommes par leur action
personnelle et par leur exemple; tel est le cas du lieu-
tenant Argueyrolles, qui s'est signalé à Fismes le 12
septembre 1914 comme commandant du peloton
d'avant-garde en chargeant des fantassins, tuant plu-
sieurs d'entre eux et en ramenant dix prisonniers. Ces
fantassins l'avaient d'abord laissé passer en levant les
bras pour faire « Kamarade »; mais, aussitôt après,
avaient repris leurs armes et s'en servaient contre les
neuf hommes de l'avant-garde qui atteignaient Mer-
val. --
A Bailleul (5 octobre 1914). - Le lieutenant Ar-
gueyrolles s'est également signalé le 5 octobre 1914
en dirigeant avec beaucoup de calme -et de sang-froid
son peloton au combat à pied, sous un feu violent de
l'infanterie ennemie.-près de Bailleul.
A Ransart (7 octobre 1014). — Chargé, le 7 octobre,
de faire la reconnaissance de Ransart, cet officier y
est entré avec une extrême crânerie en tête de ses ca-
valiers. Ayant aperçu, à la sortie du village, une dou-
zaine de uhlans appuyés à quelque distance par de
l'infanterie, il a profité de la surprise pour les char-
ger, les a tous désarçonnés, a ramené deux prison-
niers sous le feu de l'infanterie et des mitrailleuses.
En outre, il a rapporté les renseignements les plus
utiles qui ont permis à l'artillerie de contrebattre avec
succès une batterie allemande.
Dans cette action, le brigadier Chauvaud a tué l'un
des cavaliers ennemis d'un coup de lance, et le cava-
lier Riboulet, l'officier allemand d'un coup de cara-
bine.
A Wytchaete (Belgique) (6 novembre 1914). — Le
6 novembre, à un moment critique où l'on pouvait
craindre de voir l'infanterie lâcher pied, le lieutenant
Argueyrollcs a amené ses cavaliers pied à terre jus-
que sur la ligne de feu, décidant ainsi le succès d'une
contre-attaque. Entraînant bravement la ligne d'in-
fanterie et un petit groupe de cavaliers anglais avec
lequel il s'était mis en liaison, il entrait le premier
avec ses dragons dans le village attaqué.
Cet officier, qui fut blessé dans cette action, est
passé dans l'infanterie où il a rapidement atteint le
grade d'officier supérieur après avoir reçu la croix
de la Légion d'honneur.
Après les affaires de Château-Thierry, de Fismes et
de Merval, le régiment stationne, le 12, à Romain.
Dès le 13 au matin, la 10e division de cavalerie re-
prend le mouvement en avant. Une brèche de 15 à
20 kilomètres existe dans le front ennemi; il s'agit de
l'exploiter. Le mouvement est mené rondement et, le
soir, à la tombée de la nuit, le 206 dragons cantonne
à Sissonne où est le quartier général de la 10e division
de cavalerie. Il est à plus de 20 kilomètres dans les
lignes ennemies. Des engagements ont eu lieu et des
officiers d etat-major allemands ont été faits prison-
niers dans la ville. Tout fait prévoir que nous ne pour-
rons pas rester longtemps dans cette situation; en
effet, dès le 14 au matin, de grosses forces allemandes
descendent de la Belgique et la 10e division, qui de-
puis le matin est commandée par le général de Con-
lades-Gizeux, se replie de l'autre côté de l'Aisne. Le
régiment couvre la retraite, et c'est au prix de mille
difficultés qu'il contient les masses allemandes qui
tentent, mais en vain, de fermer la brèche derrière lui.
Dès le 14 au soir, le front se stabilisait dans la ré-
gion de Pontavert - Guignicourt.
LA COURSE A LA MER (SEPTEMBRE 1914)
L'Artois. — Wytchaete. — Messines.
Dès son retour de Sissonne, le régiment se porta
dans la région de Reims et de là sur la Somme où
devait commencer le glissement vers le nord-ouest
qu'on appelle « la Course à la Mer ».
Le 22 septembre, le régiment, qui fait maintenant
partie du corps de cavalerie commandé par le géné-
ral Conneau, fournit deux pelotons de liaison (lieu-
tenant Gougis et lieutenant Ancenay); tous les deux
ont des missions difficiles, mais les exécutants sont
à hauteur de leur tâche, leurs cavaliers sont pleins
d'ardeur.
Le sous-lieutenant Ancenay, du 20e dragons, est
cité : « A, dans des circonstances très difficiles, as-
suré la liaison du C. C. avec le corps de cavalerie
Buisson en traversant les lignes ennemies. » Parti
de Fescamps (Somme) le 22 septembre, il a parcouru
dans sa journée une cinquantaine de kilomètres, mal-
gré un épais brouillard et la nécessité d'éviter les
lieux habités.
La sûreté du peloton est assurée par des éléments
légers. Son itinéraire le mène, par Roye, sur Pé-
ronne.
Après la rencontre de patrouilles ennemies, il est
reçu à coups de fusil au passage de la voie ferrée
Amiens - La Fère. S'étant joint à une reconnaissance
du 4e cuirassiers, il livre un combat à pied, dans le-
quel un hussard de la mort est tué et deux autres
faits prisonniers, et reprend contact vers Montauban,
près d'Albert, avec le 2e C. C., le 23 septembre, jus-
qu'au 26.
Sa liaison reste assurée, malgré les patrouilles al-
lemandes. Les brigadiers Brachet et Murray, les ca-
valiers Desvergnes, Girol et Saint-Martin se font
particulièrement remarquer au cours de cette mis-
sion spéciale.
Bailleul-Sir-Berthoult (4 et 5 octobre 1914).
Le 4 octobre 1914, le front Thelus - Farbus - Bail-
leul-Sir-Berthoult est attaqué très violemment par
l'ennemi. Le 20e uragons reçoit pour mission d'arrê-
ter la progression le long de la voie ferrée Arras-Lens
et de servir de soutien aux forces d'infanterie qui ré-
sistent dans Bailleul. Sa mission n'a qu'un but : at-
tendre jusqu'au soir l'intervention de l'infanterie d'un
corps d'armée qui doit arriver le jour même et as-
surer la défense d'Arras; tenir jusque-là.
Le 5 au matin, le régiment est alerté à 4 heures
pour aller reprendre ses emplacements de la veille
à la Maison-Blanche, face à Bailleul. Le détache-
ment d'infanterie et de tirailleurs a été violemment
attaqué pendant la nuit, et la plupart d'entre eux
tombèrent vaillamment ou furent faits prisonniers.
Le régiment est en place à 5 heures du matin, et dès
son arrivée, il doit s'engager en entier face à Bail-
leul, le 1er demi-régiment à droite de la route d'Arras,
le 2e à gauche. Au petit jour, une section de tirail-
leurs est entourée et se fait jour à la baïonnette; à
partir de ce moment, le régiment est au contact im-
médiat de l'ennemi. Le combat s'engage aussitôt, et
l'ennemi est obligé de creuser des tranchées sur place.
Le maréchal des logis Barreyre, du 4e escadron, qui
devait tomber plus tard glorieusement comme sous-
lieutenant aux chasseurs cyclistes de la pe division de
cavalerie, assura la liaison avec les éléments de gau-
che.
A 13 heures, l'ennemi attaque violemment et le
lieutenant d'Aragon est blessé d'une balle à la cuisse
pendant cette action; il est proposé pour le Légion
d'honneur qu'il recevra en Belgique aussitôt son re-
tour.
Le lieutenant-colonel de Champvallier, qui com-
mande provisoirement le régiment, fait l'admiration
de tous et est l'objet de la citation suivante : « A su
maintenir au feu par son exemple, sa fermeté et en
restant lui-même en évidence sous un feu violent d'in-
fanterie, les détachements d'infanterie de réserve fa-
tigués par deux nuits passées dans les tranchées au
contact de l'ennemi; a ensuite fait couvrir la retraite
de cette infanterie par le combat à pied du 20e dra-
gons. »
A 14 heures, le corps d'armée attendu arrive, et le
régiment rompt le combat; il traverse Arras qui est
violemment bombardée.
Le 3" escadron assure le repli, et le capitaine de
Langlois est l'objet de la citation suivante : « Pen-
dant la journée du 5 octobre, passée sous un feu vio-
lent, a pris les dispositions les plus judicieuses pour
le combat à pied de son demi-régiment, l'a maintenu
dans les positions occupées après que notre infante-
rie élu évacué les siennes et a protégé le repli de
cette infanterie. »
Le lieutenant-colonel de Champvallier est- devenu
général.
Messines (9 au 11 novembre 1914).
Pendant que deux pelotons du 2e escadron, sous
les ordres du lieutenant Argueyrolles, se couvrent de
gloire à Zillebecke, le 2e demi-régiment doit fournir
un escadron complet sous les ordres du capitaine
Calmels, avec les lieutenants de l'Hermite, de Moni-
morin, Desjobert et le sous-lieutenant Barrière, pour
aller occuper les premières tranchées en face de Mes-
sines. L'ordre est reçu très tard, et c'est par une nuit
noire, à travers mille dangers, que le détachement
gagne son objectif; il arrive à la ferme de l'enclave
de Messines à 10 heures du soir, et est reçu par le co-
lonel Féraud (1), commandant alors une brigade de
dragons de la pe division; le détachement reçoit l'or-
dre d'occuper une forte tranchée de première ligne,
face à Messines. Il reste en ligne trente-six heures,
étant à peine ravitaillé.
Personne ne songe à se plaindre. La bataille qui
fait rage sur tout ce front suffit pour animer chacun
du plus haut sentiment du devoir. C'est la première
fois que les éléments du régiment prennent les tran-
chées et, là comme ailleurs, ils y font bonne figure.
Pendant la nuit du 10, le capitaine Calmels prend
le commandement du secteur, et le 11 au matin le
détachement rejoint le régiment qui avait glissé vers
le nord, dans la région d'Ypres.
L'ALSACE
Après trois mois de combats incessants, livrés pen-
dant la guerre de mouvement, le régiment, qui n'a ja-
mais eu de repos, est ramené, le 15 novembre, en Lor-
raine avec la 10e D. C. qui a fait ses premières armes
dans cette région.
Débarqué à Charmes, il est placé en réserve d'ar-
mée, ce qui lui permettra de se recompléter. Quel-
ques semaines de repos, et le 13 décembre, il est em-
barqué pour l'Alsace, où il est mis à la disposition du
général commandant le détachement d'armée des
Vosges. Dès son arrivée dans cette région, il prend
une part active à l'offensive du 25 décembre sur As-
pach-le-Bas et Cernay. Mais la ligne ennemie est for-
tement organisée, et c'est dans ce coin d'Alsace re-
conquise que le 20° dragons commence cette longue
guerre de taupes.
Il débute, les premiers jours de janvier, dans le sec-
teur d'Aspach, et plus tard, il continue à occuper les
tranchées à Michelbach, Burnhaupt, Fulcrnes et Pfer-
thausen.
Dans l'organisation de ces secteurs, le lieutenant-
colonel Thureau est mis à contribution pour une large
part, pendant toute la période que nous passons en
Alsace.
Le 14 juillet 1915, le colonel Gaillard-Bournazel
reçoit du général Joffre la croix d'officier de la Lé-
gion d'honneur, et la croix de guerre avec palme, avec
la citation suivante : « A rendu des services les plus
distingués, dans le commandement de son régiment,
depuis le début de la campagne. »
C'est à Massevaux, petite ville charmante sur la
Dolère, restée française entre toutes, qu'a lieu la
prise d'armes. Pour honorer son colonel, le 20e dra-
gons défile dans une allure superbe, qui lui vaut les
félicitations du glorieux vainqueur de la Marne.
Plus tard, le régiment glisse vers le Sud, et c'est
jusqu'à la frontière suisse, dans le dernier secteur
de la ligne française, que veillent nos braves cava-
liers.
Fulleren (14 mars 19&).
Le 14 mars 1916, dans le C. R. de Fulleren, un
coup de main est exécuté par des cavaliers de la
10e division de cavalerie. Il a pour but d'intimider
- l'ennemi, très actif à cette époque, de confirmer son
ordre de bataille et de ramener des prisonniers.
Le lieutenant-colonel Thureau, du 20e dragons,
ayant comme adjoint le lieutenant Dumont-Saint-
Priest, est chargé d'organiser ce coup de main. Les
ordres sont donnés avec une précision, une prévision
des moindres détails telles que ceux qui commandent
la sortie, réalisent point par point tout leur pro-
gramme.
Après une préparation d'artillerie d'une heure et
demie, les soixante hommes de l'équipe chargée de
l'attaque sortent des tranchées, et courent sous nos
obus jusqu'à l'objectif distant de 300 mètres. Les
deux sections de mitrailleuses assurent le flanquë-
ment vers le nord.
Dix-sept minutes plus tard, ils rentrent dans nos
lignes sous la protection des tirs d'encagement des
mitrailleuses et de l'artillerie; ils ont fait neuf pri-
sonniers et 'détruit à la grenade les organisations en-
nemies de leur objectif; un seul des nôtres est légè-
rement blessé.
C'est un des premiers coups de main de ce genre
qui ait complètement réussi et qui ait pu servir de
modèle pour d'autres opérations identiques de plus
grande envergure. La confiance inspirée à tous par
de tels chefs les rend capables des plus hautes ac-
tions.
Le lieutenant-colonel Thureau, nommé au comman-
dement du 9° cuirassiers, en a fait la preuve au moulin
de Laffaux, et, plus tard, dans les nombreux com-
bats livrés par son beau régiment.
Le 14 avril, le colonel Gaillard-Bournazel, atteint
par la limite d'âge, quitte le commandement du régi-
ment.
Le 20 avril, le lieutenant-colonel Le Bref, venant du
7e régiment de chasseurs, est nommé au commande-
ment du 20" dragons.
Michelbach (sesteur d'Aspach 1915). — Division
de Contades.
Le groupe léger (5° escadron du 20e dragons) a
aussi ses pages de gloire; menant presque toujours
la vie dure des tranchées sans bénéficier des périodes
de repos, constamment en première ligne, il éprouve
de lourdes pertes sans que le moral en soit atteint.
Citons à son actif les journées des 17 et 18 avril 1915.
Le bois de Michelbach est fortement bombardé,
faisant prévoir une attaque allemande. Le maréchal
des logis Laversanne maintient la liaison entre ses
postes d'écoute situés en avant des premières lignes.
Ce brave avait été blessé le 25 août 1914 à Clézan-
tème et devait tomber glorieusement comme sous-
lieufenant de chasseurs, au litige.
Le brigadier Simbelie est blessé en allant rejoin-
dre son posfe de combat. Le brigadier Chéry refuse
de quitter son poste très exposé et s'avance au delà
pour mieux observer. Les cavaliers Delpeyroux, Vey-
riras, Monteil, Delbecque, constamment exposés dans
des postes d'écoute non abrités, refusent d'être rele-
vés, disant qu'ils connaissaient le terrain mieux que
personne. D'autres : Boutin, Colin, Verdier, Fieyre
obtiennent également des citations élogieuses.
« Le 14 lévrier 19167 rivalisant d'entrain et d'ar-
deur au combat avec un bataillon de chasseurs al-
pins qu'il était chargé de soutenir, cet escadron à
pied, sous les ordres du lieutenant Courcelle-Duvi-
gnau, contribue, en combattant à coups de fusils et
de grenades, au succès de la contre-attaque qui ar-
rête l'offensive ennemie, soulevant ainsi l'admiration
des camarades alpins. »
LE 20° DRAGONS QUITTE L'ALSACE
Lis secteurs de l'Oise. — Le repli des Allemands.
Après dix-huit mois passés en Alsace reconquise
dans les différene tsecteurs de Thann à la frontière
suisse, la 10e division de cavalerie (général de Con-
tades) est dissoute. La 10e brigade de dragons (gé-
néra l de Champvallier) passe à la 3e division de ca-
valerie 'général de Boissieu), 1er corps de cavalerie.
Embarqué à Belfort le 28 mai, le régiment, sous
les ordres du colonel Le Bref, arrive à Marseille-en-
Beauvaisis et prend aussitôt le service aux tranchées
dans le secteur de Marquiviller.
Des la fin de juin, en vue de l'offensive prochaine,
les régiments reprennent activement l'instruction à
cheval, évoluent en liaison avec la cavalerie anglaise
dans la région de la foret d'Eu. Ils sont ensuite por-
tés à proximité immédiate des lignes, derrière la VIe
armée, et, le 12 septembre, le 20° dragons est au bi-
vouac au camp nI) 01 (bois de Vaire), région de Bray-
sur-Somme.
Les grands succès de la bataille de la Somme no
sont pas réalisés immédiatement. Après un mois
d'attente, tout le corps de cavalerie est ramené à
l'arrière pour être remis en secteur.
Le régiment prend les tranchées aux lisières de
la forêt de Laiguc entre Bailly et Bibécourt sur l'Oise
(novembre 1916). Les cuirassiers à pied à sa droite
tiennent Tracy-le-Val. Tout l'hiver se continue le dur
service du secteur, la relève n'a lieu qu'au milieu de
mars 1917.
JALOUNEIX Paul Joseph Etienne passe au 58ème R.A. le 16 juin 1916.
Secteur de Sillerv
Après un séjour de repos et d'instruction à Champfleury, le régiment prend le secteur de
Sillery du 7 avril au 6 juin. Le Bois des Zouaves, avec ses obus et ses torpilles, a laissé de mauvais
souvenirs à ceux, qui l'ont connu.
Le Haut Commandement veut être renseigné sur les unités qui nous sont opposées; un coup de
main est décidé.
Sous l'habile direction du capitaine LAURENT, il est exécuté le 6 sur le saillant de la
Bertonnerie. Le détachement s'élance d'un seul bond, avec un élan admirable, sur la parallèle
ennemie. Le caporal EUZIERE et le soldat VALAT, volontaires pour ce coup de main, se jettent
bravement dans la tranchée ennemie; ils découvrent l'entrée d'un abri y pénètrent et contraignent le
guetteur à jeter son arme. Ils font ce guetteur prisonnier et lancent des grenades et des coups de
revolver sur les hommes de l'abri qui se cachaient sous les lits de camp.
VERDUN
Le régiment, après avoir quitté le secteur de Sillery (6 juin 1916) séjourne dans les environs de Ville -
en-Tardenois. Puis il embarque à Fismes, descend à Revigny et passe quelques jours à Charmont.
Enlevé en automobile le 21 juin, il suit la « Voie Sacrée » et vient bivouaquer dans le bois La Ville.
A son tour, le 58e
est jeté dans la fournaise. C'est l'époque de la lutte pour Verdun!
Verdun ! Quel mot magique !
Que de souvenirs tu éveilles en nos âmes ! Depuis le 21 février, les Allemands essaient
d'arriver jusqu'à toi ! Mais, nous l'avons juré ! Ils ne passeront pas!
Résister à la pression allemande sur Thiaumont et Froideterre en tenant fortement le Bois
d'Haudremont, le Bois Navé empêcher les infiltrations par le Ravin de la Couleuvre, le Bois en T,
créer de nouvelles positions, améliorer les anciennes. Tel fut le rôle du régiment du 23 juin au 16 août
1916 ! Le 23 juin, les Allemands s'emparent de Fleury, de l'ouvrage de Thiaumont. Quelques
détachements, ennemis s'avancent même jusqu'au Ravin des Vignes. Ils sont repoussés, perdant
Thiaumont qu'ils reprenaient le 30, qu'ils reperdent encore, dont ils se rendent maîtres le 8 juillet,
s'infiltrant jusqu'à la ligne X.Y.Z, d'où ils sont finalement chassés.
Toutes ces actions offensives de part et d'autre sont précédées et suivies de violents bombardements
par obus de gros calibre qui s'ajoutent aux pilonnages périodiques du secteur.
Que de souffrances ! Que de privations !
Pendant le jour, impossible de circuler. La nuit venue quelle activité ! Hâtivement,
fébrilement, nos tranchées sont approfondies, nos abris renforcés nos réseaux réparés et consolidés.
Les bombardements donnent l'occasion, à quelques braves du régiment de montrer leur courage et leur
esprit, de camaraderie :
Le 11 juillet le caporal infirmier FITOUSSI, au cours d'un violent bombardement, sort
spontanément du poste de secours en entendant les cris des blessés ensevelis dans un abri écroulé, il
les dégage presque seul et permet ainsi de sauver l'un d'eux.
Les soldats TESTORIS, FALLIÈS, CHALABREYSSE sous un violent bombardement et
malgré le tir ajusté des guetteurs ennemis, se portent en terrain découvert au secours d'un camarade
enseveli qu'ils parviennent à sauver.
Le caporal MAISONNEUVE, entendant dans la nuit du 6 au 7 août les cris d'un blessé
allemand, se porte accompagné d'un soldat à plusieurs centaines de mètres en avant de la tranchée et
ramène le blessé dans nos lignes.
Et tant d'autres, si nombreux que leurs citations ne peuvent faute de place, être reproduites ici.
Les boches circulent dans la journée, par groupes, dans les ravins, de Helly de la Dame et de
la Couleuvre. Deux officiers du régiment, le lieutenant De SAIGNES et le lieutenant ESCHALLIER,
avec quelques bons tireurs, les harcèlent sans cesse à coups de fusils ou de mitrailleuses, sans souci
des bombardements qui en résultent.
Le 6 juillet en particulier, le lieutenant ESCHALLIER averti qu'un bataillon défilait dans le
ravin du Helly se met à la pièce brûle plus de deux mille cartouches et le disperse en lui causant des
pertes appréciables
Le 11, 2 obus de 305 perforent les casemates du Fort de Belleville, 23 hommes de la 1ère
compagnie sont blessés, 28 sont tués.
Là aussi, depuis le capitaine, jusqu'au soldat, tout le monde se dévoue, au sauvetage des
blessés.
Les pertes du 58e pendant son séjour à Verdun (23 juin-16 août) sont de:
134 tués dont 4 officiers,
422 blessés dont 7 officiers,
5 disparus
En ces heures terribles, le 58e, comme toujours, fit son devoir et eut sa part de gloire. Il sut
maintenir l'intégrité du sol dont la défense lui fut confiée. Verdun restait imprenable.
Le 24 juin, le capitaine MAISONNEUVE, surpris par un très violent bombardement, après
Historique du 58ème RI (Anonyme, Imp. Rullière, 1920) numérisé par Jean-Pierre Rocca
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avoir visité les tranchées de sa compagnie, est mortellement blessé.
Le lieutenant GAUTHIER est tué le 4 juillet, en reconnaissant une position très dangereuse
que devait occuper sa compagnie, à laquelle il donnait l'exemple de la crânerie; le médecin-major
WOLF est tué à son poste, après s'être dépensé sans compter, en allant aux points les plus dangereux
pour dégager et soigner les blessés enterrés par les obus.
Le brancardier ARSAC est grièvement atteint en allant secourir un blessé.
Le soldat HEBRARD est tué à son créneau d'observation par la balle d'un tireur ennemi qu'il
essayait de repérer.
Le capitaine BEC est cité à l'Ordre de la Division :
«A affirmé en toutes circonstances, le plus magnifique courage du 5 au 22 juillet 1916, chargé de la
défense d'une position entourée et dominée de trois côtés par les organisations adverses, a su prendre
à coups de fusils, de mitrailleuses et de grenades la maîtrise constante sur l'ennemi, et a su maintenir
cette attitude fièrement agressive malgré les réactions de plus en plus violentes et les bombardements
qu'elle lui attirait. Du 23 juillet au 16 août a continué à montrer une héroïque abnégation, en se portant
personnellement, sous les obus, au secours de chacun de ses hommes blessés ou ensevelis. S'était déjà
distingué en octobre 1915 dans l'organisation de la défense d'un secteur et le 14 septembre 1914 en se
portant sous les obus au secours de son colonel grièvement blessé. »
JALOUNEIX Paul Joseph Etienne passe au 17ème R.A. le 5 juillet 1916.
V. — Bataille de la Somme.
(Juillet - Décembre 1916.)
Tous revoyaient avec plaisir ces plaines qui étaient leur région
d'origine, avec l'espoir que l'offensive prochaine libérerait les
villages envahis.
Après trois semaines de repos coupées de quelques exercices
de cadres, le 17e reprenait, le 13 juillet, la route du front et, le
23, relevait, dans la région Assevillers - Flocourt, l'artillerie
d'une division coloniale arrêtée dans sa progression devant Bar-
leux et Villers-Carbonnel.
Dès l'entrée en ligne, les groupes souffrirent du feu. L'artil-
lerie allemande, un moment désorganisée, s'était rétablie sur la
rive droite de la Somme et arrosait copieusement les batteries et
l'infanterie, leur causant des pertes.
En collaboration avec le 296 R. A. C., le 17e eut à soutenir
l'infanterie, l'appuyant pour les attaques d'août et de septembre :
attaque du Chancelier (1er août), de Souville (16 août), tranchée
de Tahure (4 septembre).
Au milieu d'octobre, après un repos de quinze jours, à Han-
gard, les groupes remontaient devant Berny, face à Fresnes,
renforçant l'artillerie de la 121e division; puis, à partir du 1er no-
vembre, comme artillerie de la 3° D. ï. revenue en ligne. Les
mois de novembre et de décembre furent pénibles.
Le secteur argileux était devenu un champ de boue dans lequel
les chevaux restaient enlisés et les équipages avaient les plus
grandes difficultés à se mouvoir. Les routes, dans la partie occu-
pée par la division, n'existaient pour ainsi dire pas; il fallut
créer des pistes en rondins. Bien qu'aucune opération sérieuse
n'eût été faite, l'activité était restée assez grande. En prévision
d'attaques toujours reportées et qui ne se produisirent pas, le
travail de préparation (aménagements de positions et transport
de munitions) fut incessant. Malgré les fatigues, malgré le nom-
bre d'évacués qui grandissait et imposait à tous un labeur sup-
plémentaire, les canonniers du 17e supportèrent avec courage ces
durs moments..
Les pertes étaient de 5 officiers et 130 gradés et hommes de
troupe tués ou blessés. La 7e batterie, particulièrement éprouvée,
avait perdu son chef, le lieutenant Muéler, blessé mortellement
au milieu de ses hommes. Sans cesse visée par les batteries en-
nemies, elle assura néanmoins sa mission sans faiblir et fut l'ob-
jet, pour son courage, d'une citation à l'ordre de l'armée.
VI. — Offensive sur l'Aisne.
(Avril - Juin 1917.)
Le régiment est relevé du 20 au 23 décembre et embarqué le
28 pour aller dans l'Est. Il cantonne successivement dans le camp
retranché de Toul, où il est mis à l'instruction, puis en arrière
de la forêt de Parroy pour y faire des travaux de renforcement.
Paul Joseph Etienne JALOUNEIX décède le 27 novembre 1916 au Quesnoy (Somme) des suites de ses blessures de guerre.
Il est inhumé le 28 novembre 1916 au cimetière de Bonchoir.